Les gestionnaires d’actifs capitulent-ils sur le climat ?

Les principaux gestionnaires d’actifs semblent avoir tourné le dos à leurs objectifs d’émissions nettes nulles d’ici 2050.

Le constat est inquiétant alors que les conséquences des changements climatiques se concrétisent davantage chaque année.

La plupart des 45 plus grands gestionnaires d’actifs au monde s’éloignent de leurs objectifs en matière de climat, indique une nouvelle étude du groupe de réflexion britannique InfluenceMap.

Le nombre de gestionnaires d’actifs appliquant des « pratiques de gestion climatique réellement ambitieuses et efficaces » a diminué de 45 % depuis 2021, constate InfluenceMap, cité par Corporate Knights.

Ces gestionnaires d’actifs, qui détiennent collectivement 72 000 milliards de dollars (G$) d’actifs sous gestion, s’étaient pourtant fixés des objectifs d’émissions nettes nulles de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050. Or, 95 % d’entre eux ne sont présentement pas alignés sur ces objectifs.

InfluenceMap a analysé des portefeuilles de fonds d’actions d’une valeur globale de 16 500 G$. Ces fonds détiennent 2,8 fois plus d’actions dans des entreprises de production de combustibles fossiles que dans des investissements verts.

Au final, seuls 18 % des gestionnaires d’actifs obtiennent la note A, alors qu’ils étaient 33 % en 2021.

Ce recul coïncide avec les mesures prises par plusieurs états américains pour décourager les institutions financières de prendre en compte les facteurs ESG dans leurs décisions d’investissement.

Même au Canada, la situation n’est guère reluisante. Les portefeuilles des gestionnaires canadiens sont aussi mal alignés que ceux des gestionnaires américains, et ils sont moins performants que les portefeuilles européens, souligne InfluenceMap.

BMO Gestion mondiale d’actifs arrive en tête au Canada avec la note B+, tandis que TD et ScotiaBank récoltent un D+.

Cette tendance se retrouve dans la réaction des gestionnaires d’actifs aux résolutions en faveur du climat, proposées durant les assemblées générales d’actionnaires. Alors que les gestionnaires canadiens soutenaient en moyenne 58 % de ces résolutions en 2021, ils n’étaient que 38 % à le faire en 2022. En Europe, plus des trois quarts (76 %) des gestionnaires d’actifs ont voté en faveur de telles résolutions.

Malgré leurs objectifs d’émission nette nulle de GES d’ici 2050, les gestionnaires d’actifs choisissent d’ignorer ces objectifs dans les actions qu’ils posent.