L’or n’a pas dit son dernier mot

Par La rédaction | 10 janvier 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Piles de pièces d'or éclairées par un rayon de lumière.
Photo : Just_Super / iStock

L’or pourrait retrouver son attrait d’antan auprès des investisseurs lorsque les banques centrales mettront la pédale douce sur les hausses de taux et que le dollar américain perdra son statut de valeur refuge, estiment des experts interrogés par Morningstar.

L’or a souvent joué aux montagnes russes au cours des derniers mois en raison de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêt et du contexte géopolitique incertain, ce qui a poussé les investisseurs à se détourner de cette valeur refuge traditionnelle contre les soubresauts de l’économie, considère Craig Basinger, stratège en chef des marchés chez Purpose Investments. « L’année dernière, tout a augmenté, sauf l’or, ce qui a eu pour effet d’accentuer la frustration des investisseurs envers le métal jaune », a-t-il confié à Morningstar.

L’analyste croit que l’inflation, conjuguée au contexte géopolitique, pourrait cependant faire retrouver à l’or son lustre aux yeux des investisseurs.

Cet avis est partagé par Joseph Cavatoni, chef de la stratégie de marché pour l’Amérique du Nord au World Gold Council. Il en veut pour preuve que le prix du métal jaune a atteint des niveaux records au cours des trois premiers mois de l’année, notamment en ce qui concerne les FNB adossés à l’or.  « Cette fuite vers l’or en tant que valeur refuge a été principalement motivée par l’incertitude géopolitique », indique l’expert.

DES HAUTS ET DES BAS

En effet, depuis le début du conflit en Ukraine, l’or s’est montré capricieux et a connu des hauts et des bas à plusieurs reprises, jusqu’à subir une descente de 18 % entre mars et octobre. Les interventions des banques centrales pour hausser les taux d’intérêt afin de lutter contre l’inflation ont débuté au même moment, ce qui fait dire à plusieurs que l’inflation a contribué à plomber le cours de l’or.

Robert Cohen, vice-président et gestionnaire de portefeuille des fonds Dynamic Precious Metals Series et Dynamic Strategic Gold Class croit que la baisse de l’or est davantage liée à l’injection d’argent public effectuée par les gouvernements pendant la pandémie, ce qui a provoqué une forte augmentation de la masse monétaire. Celle-ci a en effet grimpé de 23 %, soit presque du double de son rythme antérieur, durant cette période, alors que l’or a fait un bond de 39 % entre le 20 mars et le 6 août 2020.

DES FACTEURS QUI AFFECTENT L’OR

Le métal jaune a également été affecté par la flambée du billet vert à la suite des hausses de taux successives annoncées par la Fed ainsi que par le redressement des rendements des obligations.

L’or réagit à des facteurs très divers tels que la masse monétaire, les taux d’intérêt réels, le taux de change du dollar et les rendements. Il se comporte également de manière différente selon les régions du monde, rappelle Craig Basinger. Ainsi s’il affiche un recul aux États-Unis, il est en hausse de 17 % au Japon, de 5 % en Europe, et de 1,4 % au Canada, souligne l’expert.

De plus, l’or a plutôt bien résisté à la volatilité des marchés, surpassant les obligations d’environ 8 % depuis le début de l’année signale Joseph Cavatoni. Il estime ainsi que le ralentissement des hausses des taux directeurs et la diminution de l’attrait du dollar américain pourraient permettre à l’or de renverser la vapeur.

La rédaction