Place aux fonds 130/30

20 juin 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Al Kellett, analyste à la firme Morningstar Canada, constate que les fonds dits «130/30» sont en voie de déferler au Canada. Est-ce une bonne nouvelle? Les arguments qu’apporte l’expert semblent démontrer le contraire.

Déjà populaires aux États-Unis, ces fonds offrent un «effet de levier à responsabilité limitée». De quoi s’agit-il? Eh bien, pour chaque 100$ que l’épargnant place dans le fonds, le gestionnaire achète 130$ d’actions et en vend 30$ à découvert, pour une participation boursière nette de 100$. La vente à découvert, rappelons-le, consiste à faire de l’argent quand les marchés baissent. On vend des actions que l’on ne détient pas dans l’espoir de les racheter plus tard lorsque leur cours aura baissé. La différence entre le prix de vente et le prix de rachat constitue le profit.

«L’idée fondamentale derrière ces fonds est que le gestionnaire prend des décisions pour une valeur de 160 $ avec vos 100 $ sans accroître votre participation aux mouvances générales du marché. Parfois, les 100 $ seront une participation indicielle passive et seuls les 30/30 seront activement gérés. D’une façon comme d’une autre, vous recevez une dose rehaussée de l’influence du gestionnaire, qu’elle soit positive ou négative», explique Al Kellett.

En soi, l’idée de profiter d’un marché baissier est alléchante. Comme le souligne l’analyste, il existe des dynamiques boursières qui «gonflent artificiellement le cours des actions». Or, ces erreurs d’évaluation finissent toujours par se corriger, entraînant les cours boursiers vers le bas.

Mais voilà, il est aussi difficile de prévoir une hausse des cours que l’inverse. Quand on achète une action, le risque est limité parce qu’elle ne peut pas descendre au-dessous de zéro. Mais lorsqu’on vend une action à découvert, les pertes sont potentiellement illimitées, car la hausse du cours peut être sans fin.

Outre ce risque quand même calculé, d’autres écueils minent les fonds 130/30, dit Al Kellett. Ainsi, les gestionnaires sont obligés d’emprunter, car la vente à découvert est une opération sur marge. Inévitablement, les porteurs de parts en feront les frais. Si le gestionnaire mise juste, il n’y a pas vraiment de problème, puisque le rendement contrebalancera les coûts. Mais si le gestionnaire rate son coup, la perte pour le client sera amplifiée.

«Il est important de ne pas céder au battage publicitaire; on n’a pas ici affaire à un placement miracle. De réels problèmes grouillent sous la surface, et les investisseurs feraient mieux d’en tenir compte», conclut Al Kellett.

Pour lire l’article d’Al Kellett sur les fonds 130/30, cliquez ici.