Six conseils d’un investisseur sceptique

Par Ronald McKenzie | 11 mai 2010 | Dernière mise à jour le 27 février 2024
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L’auteur à succès John Reynolds estime que les baby-boomers sont la première génération de Canadiens à passer du statut d’épargnant à celui d’investisseur.

Or, cela requiert des connaissances qu’un grand nombre d’entre eux n’ont pas. Dans son livre The Skeptical Investor et en entrevue au quotidien Financial Post, il donne six conseils qui devraient aider les baby-boomers à préserver leur capital tout en réalisant des rendements raisonnables.

1. Les REER devraient contenir des obligations gouvernementales

John Reynolds reconnaît avoir un faible pour les coupons détachés, spécifiquement. Une des stratégies qu’il recommande est de les choisir pour qu’ils arrivent à échéance au moment du départ à la retraite. «Les coupons détachés fournissent une fondation robuste qui permet aux personnes dans la cinquantaine ou la soixantaine de passer à travers les fluctuations des marchés», note-t-il.

2. Échelonner les coupons détachés

« Cela permet de profiter des changements des taux d’intérêt », dit John Reynolds. Exemple : une personne qui a 15 000 $ à investir pourrait acheter pour 5 000 $ de coupons venant à échéance dans six mois, 5 000 $ dans des coupons qui viennent à terme dans 12 mois et 5 000 $ dans des coupons de 18 mois. À chaque semestre, cette personne renouvelle ainsi son coupon détaché échu pour une période de 18 mois. Cette gestion des termes offre de la souplesse et maximise le rendement.

3. Se méfier de la diversification géographique

John Reynolds croit que les investisseurs canadiens devraient concentrer leurs avoirs au Canada, du moins pour les deux ou trois prochaines années. Selon lui, les bourses mondiales seront très volatiles durant cette période. Dans ces circonstances, aussi bien demeurer ici. Malgré leurs défauts, les grandes banques canadiennes sont solides, le secteur industriel est performant (il cite les firmes Bombardier et Potash Corporation) et les ressources naturelles canadiennes offrent une protection conte l’inflation.

4. Attention à l’inflation, justement

Les États-Unis inondent actuellement le monde entier avec des dollars qui ne sont garantis « que par les promesses du gouvernement américain », avance l’auteur. Voilà le scénario classique qui sert de prélude à une poussée inflationniste. Certes, les gouvernements sont mieux préparés que jamais à combattre l’inflation, « mais il y a des limites à ce qu’ils peuvent contrôler sans affecter les marchés », croit John Reynolds.

5. Repenser la retraite

Les Canadiens doivent remettre en question leur conception de la retraite, car, de ce côté, rien ne sera plus jamais pareil comme avant. La démographie, les facteurs sociaux et la demande en soins de santé ne permettent plus qu’on prenne une retraite comme celle de la précédente génération. « De manière individuelle et indépendante, chacun d’entre nous doit décider ce qu’il compte faire une fois qu’il aura fini de faire ce qu’il accomplit actuellement », illustre John Reynolds.

6. Choisir son conseiller avec soin

Un bon conseiller refuse d’acquiescer à toutes les demandes de son client, souligne John Reynolds. « S’il prend vos intérêts à coeur, il saura dire non à l’occasion », fait-il remarquer.

Au fait, pourquoi John Reynolds se qualifie-t-il de sceptique ? C’est qu’il se méfie des produits sophistiqués que concocte l’industrie des services financiers. Par exemple, les billets à capital garanti, qui ont fait un tabac de 2005 à 2008, semblent offrir le meilleur des deux mondes : potentiel de rendement alléchant et sécurité du capital. « Or, en consultant attentivement la documentation qui accompagne ces billets, on se rend compte que des frais sont perçus à quatre ou cinq endroits différents. Tout le monde se paie avant que les investisseurs commencent à faire de l’argent. Mais qui d’entre eux se donne la peine de lire la documentation ? », demande-t-il.

Il est aussi sceptique vis-à-vis des fonds indiciels « gérés activement ». À ses yeux, un fonds indiciels doit refléter les plus fidèlement possible l’indice qu’il prétend suivre, point à la ligne. « Autrement, la gestion active de produits indiciels est une contradiction dans les termes », dit John Reynolds.

Selon lui, les investisseurs qui ont entre 50 et 60 ans ont intérêt à adopter des stratégies de placement simples et éprouvées. Leur REER devraient être gérés avec grande prudence. On devrait y retrouver des fonds négociés en Bourse ou des actions individuelles qui produisent des dividendes : grandes banques canadiennes, sociétés industrielles réputées, entreprises de services publics. Mieux, ces investisseurs devraient adhérer aux programmes de réinvestissement automatique des dividendes (DRIP) qu’offrent certaines grandes entreprises cotées en Bourse. Les DRIP permettent d’acquérir automatiquement des actions à une fraction des frais habituellement facturés. Voilà une bonne façon de participer au marché des actions sans avoir à déployer d’effort particulier.

« Les personnes qui préparent leur retraite doivent apprendre à devenir responsables de leurs décisions financières. Les marchés offrent des occasions de croissance dont il faut savoir tirer parti », conclut John Reynolds.

Ronald McKenzie