Le TSX performe au-delà des attentes

Par La rédaction | 28 mai 2024 | Dernière mise à jour le 28 mai 2024
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Trois origamis différents. Le premier représente un cygne. Celui-ci se transforme en oiseau puis en avion en papier.
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La performance du marché d’actions canadien au premier semestre nous laisse quelques indicateurs pour la suite, croit Craig Jerusalim, gestionnaire de portefeuilles à Gestion d’actifs CIBC.

« Le TSX a atteint de nouveaux sommets malgré la stagnation économique, l’inflation et les inquiétudes géopolitiques. C’est le moment de prendre un pas de recul et d’analyser les raisons de cette performance », note-t-il.

Au sommet du palmarès 2024 se trouvent l’énergie et les matériaux. 

« Les prix du pétrole ont bien aidé les pétrolières. Ils leur ont permis de rembourser leurs dettes et de rendre du capital aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’action », observe Craig Jerusalim.

Ainsi, Canadian Natural Resources a atteint sa cible de remboursement de 10 milliards de dettes, tout en reversant à ses actionnaires 100 % de ses flux de liquidité disponibles. Cenovus devrait également atteindre ses cibles de remboursement de dettes et reverser davantage à ses actionnaires. Crescent Point s’approche elle aussi de ses cibles grâce à la vente profitable de certains actifs.

« Nous restons surpondérés dans l’énergie et nous nous attendons à voir les entreprises du secteur performer à un rythme soutenu ; leurs titres sont d’ailleurs sous-évalués par rapport à leurs moyennes à long terme. En termes de préférence, nous priorisons les producteurs avant les pipelines, et le pétrole avant le gaz naturel, d’autant plus que ce dernier est plutôt un sous-produit du premier en Amérique du Nord, conduisant souvent à une surproduction », analyse Craig Jerusalim.

Dans les matériaux, c’est l’or et le cuivre qui poussent le secteur.

« L’or est soutenu par l’inflation persistante et par l’accumulation de la part des banques centrales. Mais nous serions plus optimistes si le secteur n’avait pas un triste historique de destruction de valeur, en raison du besoin constant de trouver de nouveaux gisements, et de l’incertitude propre à certaines juridictions. Ainsi, nous préférons des titres comme ceux d’Aginco Eagle ou Osisko Royalty qui opèrent dans des environnements sûrs comme l’Amérique du Nord et l’Australie. Nous évitons les producteurs actifs en Russie, en Afrique ou en Amérique du Sud », rapporte Craig Jerusalim.

« Le cuivre a récemment atteint des prix records et la demande devrait s’amplifier en raison de l’électrification des transports. Des sociétés comme Teck Resources sont appelées à profiter de cette tendance », poursuit-il.

Le troisième secteur le plus performant est celui des services financiers, mais l’expert établit clairement une différence entre les sous-secteurs de la banque et de l’assurance.

« Les actions des banques affichent un ratio cours-bénéfice proche de leurs moyennes historiques et elles offrent des dividendes solides autour de 5 %. Mais plusieurs événements à court terme pourraient limiter leur expansion, comme le ralentissement économique, la surveillance réglementaire, et les niveaux élevés de capitalisation qu’on leur impose. Les assureurs en revanche connaissent une plus grande croissance et offrent un meilleur rendement par action. Nous apprécions notamment les compagnies spécialisées comme Fairfax et Trisura », explique Craig Jerusalim.

Derrière se trouve le secteur industriel, avec des niveaux variés de force et de faiblesse. Des titres comme Thomson Reuters et Element Fleet ont bien performé, et d’autres comme CargojetBrookfield Business PartnersetGFL Environmental sont à surveiller, car ils se désendettent progressivement et devraient accroître leur flux de liquidité dans les années à venir. 

Au milieu du palmarès du TSX, on trouve les biens de consommation, tant discrétionnaire que courante. L’expert dit s’en tenir à l’écart en raison de leur prix élevé en regard du manque de vigueur des consommateurs canadiens. 

Les secteurs les moins performants sont ceux qui sont sensibles aux taux d’intérêt élevés, comme les services d’utilité publique, les fiducies de placement immobilier (FPI), et les services de communication.

« Ces trois secteurs ont de faibles perspectives de croissance. On y trouve beaucoup de sociétés qui profiteraient d’une baisse des taux d’intérêt, mais il est difficile de prédire un tel événement », souligne Craig Jerusalim.

Lui-même sélectionne les sociétés qui se différencient, peu importe le contexte macro-économique, comme Brookfield Renewable and Brookfield Infrastructure qui sont uniquement positionnées pour profiter de la croissance de l’intelligence artificielle.

En effet, la demande de centres de données est appelée à exploser, de même que leur part dans la consommation mondiale d’électricité — de 2 à 10 % entre maintenant et 2030. Déjà, Brookfield Renewable a signé un contrat avec Microsoft pour lui livrer 10,5 gigawatts (GW) d’énergie renouvelable entre 2026 et 2030, contre un investissement de 10 milliards de dollars soit le plus gros de ce type à ce jour. 

Du côté des télécommunications, il s’attend à ce que la croissance reprenne. Les titres offrent de solides dividendes, et on commence à voir la fin de la guerre des prix qui affligeait le secteur depuis le passage de Québécor sur la scène nationale avec l’acquisition de Freedom. Il cite Telus en particulier, dont le service à la clientèle est supérieur si on se fie à son faible taux de résiliation, et qui dépense moins de capitaux maintenant que son extension de réseau fibré a été complétée. 

En bas de la pile, on trouve les technologies qui ont souffert des récents déboires de Shopify. Mais celle-ci a de la marge de manœuvre pour remporter des parts de marché. L’expert apprécie surtout Docebo, une plateforme infonuagique d’apprentissage en ligne basée sur l’intelligence artificielle, dont le titre s’échange à moins de 20 fois son flux de liquidité disponible malgré une croissance de profits dans les deux chiffres. 

« Au bout du compte, personne ne sait quand les baisses de taux d’intérêt vont survenir ni l’amplitude qu’elles auront, et par conséquent notre meilleure option est de nous concentrer sur des sociétés de haute qualité, en croissance, avec des avantages concurrentiels défensables, qui sont appelées à performer peu importe l’environnement macroéconomique », conclut l’expert.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

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La rédaction